BEN HARPER AND CHARLIE MUSSELWHITE:
No Mercy in This Land (2018)
La collaboration de ces deux artistes donne un résultat relativement intéressant avec un album balayant assez largement le panorama du blues. Ben Harper signe toutes les compositions (seul ou avec ses musiciens). Puisant son inspiration dans les « spirituals » d’autrefois, « When I go » est quand même bien relevé à la sauce électrique. On a droit ensuite à un excellent jump blues avec un solo de guitare sympathique (« Bad habits »). L’incantatoire « Love and trust » commence par une intro acoustique (guitare sèche et harmonica) mais ne continue pas dans cette voie et s’oriente plutôt vers un morceau à la Ry Cooder. Il faut également mentionner « The bottle wins » (bien dans l’esprit de Chicago) et « Found the one » (un rythm n’ blues traité dans le style de Ben Harper). Le slow « When love is not enough » est très beau mais plombé par une caisse claire trop présente. Le country-blues acoustique « Trust you to dig my grave » touche au cœur avec seulement une guitare et un harmonica (on pense encore une fois au vieux Ry Cooder) et le jump blues « Movin’ on » swingue bien avec une rythmique proche de « It’s all over now ». Et Charlie Musselwhite dans tout ça ? Comme toujours, il ne se contente pas de participer à une séance d’enregistrement mais il imprime sa marque sur chacun des titres de cet album (sauf « When love is not enough »). Il chante sur « No mercy in this land ». Il souffle comme un damné et vibre de l’amour du blues. Son harmonica se fait tour à tour émotionnel, joyeux, mélancolique, plaintif. En un mot, bluesy ! Pour en être convaincu, il n’y a qu’à écouter son superbe solo sur le dernier titre du disque « Nothing at all ». Ben Harper l’a bien compris : inviter Charlie Musselwhite, c’est prendre une option sur le succès.
Olivier Aubry